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Libération

Au Monde, «on n'arrive plus à faire confiance»

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Les salariés du groupe de presse étaient réunis ce lundi matin au siège du quotidien pour faire entendre leurs craintes. Ils rejettent massivement le plan de redressement prévu et ses 130 licenciements.
par Joël Bronner
publié le 14 avril 2008 à 7h00

A 67 ans, Gertrud veut revivre le mai 68 qu'elle a connu en France comme étudiante. Venue de Heidelberg, au sud de Francfort, elle cherche le supplément du Monde du mois dernier consacré à l'événement. Mais aujourd'hui, au siège du quotidien, l'atmosphère de grève l'empêche de feuilleter son passé, elle qui, trente ans auparavant, était «empêchée d'étudier» par les manifestations. Déçue de ne pas trouver le journal, elle «comprend la mobilisation» et repassera un coup de fil demain pour se procurer l'exemplaire si convoité.

Le sourire de la touriste allemande contraste avec les visages crispés et les panonceaux revendicatifs qui ont envahi le hall du journal. Vendredi, l'annonce officielle tombe : la direction impose 130 licenciements au sein du quotidien. «Nous ne pouvons plus être la seule variable d'ajustement», s'agace un informaticien, au service du Monde depuis dix-huit ans. Encore 42 il y a quatre ans, ses collègues de l'informatique ne sont plus que 26.

«Ils nous disent qu'il n'y a pas d'argent. Mais à chaque fois qu'il y a des plans sociaux, en fin de compte, on dépense toujours autant de fric. C'est complètement intolérable : on ne perçoit jamais d'augmentation, ou très rarement une petite prime de 100 ou 200 euros, alors que d'autres reçoivent jusqu'à 50 000 euros. C'est aberrant ! »

Les salaires de la direction sont pointés du doigt. Une éditrice du journal s'étrangle en évoquant des indemnités de départ, à