Menu
Libération
TRIBUNE

Pourquoi il faut défendre la liberté de la presse en France aussi

Article réservé aux abonnés
par Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) 
publié le 2 décembre 2008 à 11h59
(mis à jour le 2 décembre 2008 à 12h02)

S’agissant du respect de la liberté de la presse, gravé dans sa Constitution, la France se doit d’être irréprochable, devrait être irréprochable.

Aucun journaliste ne devrait y être menotté ni fouillé au corps pour avoir exercé son travail.

Il ne suffit donc pas de « comprendre l’émoi » suscité par l’interpellation d’un journaliste, comme l’a si pudiquement dit Nicolas Sarkozy. Il faut être exemplaire.

Comment, sinon, plaider pour la libération du défenseur des droits de l’homme chinois Hu Jia – lauréat du prix Sakharov – quand le directeur d’un quotidien français peut être interpellé au petit matin chez lui ?

Comment exiger des autorités birmanes qu’elles libèrent une dizaine de journalistes emprisonnés quand, ici même, un reporter indépendant peut être placé en garde-à-vue pendant 48 heures ?

Ces situations ne sont bien sûr pas comparables. Mais aux yeux des dirigeants de pays répressifs, c’est le principe qui compte. Et ce qui se passe chez nous, aujourd’hui, donne des arguments aux régimes autoritaires qui musèlent leurs journalistes.

Les Etats démocratiques – la France et l’Union européenne en tête – ne peuvent être convaincants dans leurs discussions avec les pays les plus liberticides que s’ils sont eux-mêmes exempts de tout blâme. Or, ce n’est pas le cas.

L'arrestation musclée de l'ancien directeur de publication de Libération, Vittorio de Filippis, vendredi dernier, n'est que la partie émergée de l'iceberg.

La France détient, en effet, le record européen du nombre