Aujourd'hui Libération est en deuil. Carlo Caracciolo nous a quittés et je tiens à lui rendre ici un hommage personnel et amical. Carlo restera un des grands hommes de la presse. Il a fait de la Repubblica un modèle d'engagement démocratique et un succès phénoménal. Carlo vivait avec la presse et pour la presse mais sans complaisance aucune, avec l'humilité et l'engagement qui font les grands entrepreneurs.
Quand je lui ai demandé de devenir actionnaire de Libération, à un moment difficile pour le journal, Carlo n'a pas hésité une seconde et s'est engagé avec la détermination qu'il avait en toute chose. Il y a encore deux semaines, nous nous sommes vus longuement à Rome puis à Paris pour évoquer la crise des journaux et les évolutions qu'il pensait nécessaires. Jusqu'au dernier moment il s'est battu pour la réussite de Libération. Pour lui, il n'y avait pas de fatalité au déclin de la presse mais seulement deux impératifs : une remise en cause permanente et un travail acharné. Carlo disséquait chaque chiffre. Pour lui, un quotidien, quelle que soit sa personnalité, ne devait accepter aucune faiblesse dans sa gestion. Mais c'était le contrat de lecture avec les lecteurs qui était essentiel à ses yeux, cette alchimie unique qui fait que le journal doit rester une nécessité de tous les jours. Comme il le disait si bien, «les journaux doivent avoir une âme».
Il a beaucoup apporté à Libération, il a contribué de façon déterminan