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Libération
TRIBUNE

L’agence France-frousse

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par Laurent Joffrin, directeur de «Libération»
publié le 7 août 2009 à 6h52

L’Agence France-Presse aurait-elle soudain peur des pouvoirs ? Cette institution dont on connaît pourtant la qualité professionnelle des journalistes vient de faire preuve d’une pusillanimité, pour ne pas dire d’une complaisance, qui tranche avec sa longue tradition d’indépendance.

Cette étrange timidité s'est manifestée par trois fois au moins : quand Libération a rendu compte d'un déjeuner pendant lequel le Président a tenu sur ses homologues, notamment sur José Luis Zapatero, des propos expéditifs en présence d'une délégation de parlementaires et que l'affaire a débouché sur une polémique nationale en Espagne et en France ; quand Libération a décrit l'ampleur des pertes subies par une filiale de la Société Générale ; enfin quand, avant-hier, Libération a révélé le montant des bonus distribués à ses traders par la BNP. Dans ces trois cas, l'Agence a commencé par passer sous silence les informations de notre journal, puis elle les a reprises tardivement et au conditionnel ou bien elle les a noyées dans les démentis officiels.

Pourtant, la première fois, les propos du Président ont été confirmés par nos confrères qui se sont donné la peine de vérifier nos informations au-delà des démentis de convenance. Et les deux autres fois, après les dénégations initiales, les organismes concernés ont admis, à retardement, que nous avions raison sur les faits (ils ont contesté leur interprétation, chose parfaitement légitime).

Il ne s'agit pas de demander, à l'ins