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Libération
EDITORIAL

Empire

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publié le 18 septembre 2009 à 0h00

La vie de géant n'est pas toujours drôle. On pensait jusqu'à une date récente que TF1 dominait le paysage audiovisuel comme le grand chêne la forêt, impavide et indéracinable. Première part de marché en Europe, gestion au cordeau, réalisme sans état d'âme, capacité d'adaptation hors pair : l'empire TF1 semblait inexpugnable. Début 2008, Nicolas Sarkozy réduisant brutalement les écrans pub sur France Télévisions semblait même lui offrir une assurance antirécession en détournant vers le privé la manne publicitaire. En temps de crise, les clichés jaunissent vite. Bousculée par la multiplication des chaînes du câble, du satellite et surtout de la TNT, la reine du PAF sent sa couronne vaciller. Quant à la publicité, elle est mystérieusement restée sur le service public pendant que l'arrêt de la croissance économique la raréfiait dans le secteur privé. Le calcul qu'on prêtait au président de la République est infirmé. Ainsi, le téléspectateur qu'on croit manipuler échappe finalement aux effets de domination pour se promener parmi une offre surabondante qui mine les positions dominantes. Un progrès ? Pas toujours : la qualité des petites chaînes est souvent consternante. Pleine de ressources, TF1 reloaded va contre-attaquer. La bataille s'annonce rude, sans que l'antique «mieux-disant culturel» y trouve forcément son compte. Sur ce point, seul le service public peut garantir le pluralisme de l'offre. A condition que son indépendance soit maintenue et son financement assuré