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Libération

Une statistique ou un miracle ?

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publié le 6 octobre 2009 à 0h00

On s’était posé, jeudi dernier, place Adolphe-Max, dans ce square désuet et charmant que surplombe le vaste studio qu’occupa, suppose-t-on, le peintre Edouard Vuillard. C’était le milieu du jour, et l’heure où les lycéens de Jules-Ferry, séchant la cantine, investissent en masse l’endroit pour s’y sustenter de sandwiches au plastique. Quelque chose n’allait pas.

Ça piaillait comme piaillent les mômes entre deux cours, par groupes amoureux ou hâbleurs, tous en grappes et en fleurs alanguis sur les bienvenus bancs publics ou accrochés au socle de la statue d'Hector Berlioz. C'est dans l'axe de celle-ci que, accrochée à une façade, sur le flanc est de la place, une banderole, lettres noires sur fond orange, décrétant péremptoirement : «Non à l¹antenne sur nos écoles», nous attira l'œil. Et, par association d'idées, nous fit prendre conscience de ce quelque chose qui détonait.

Ce quelque chose, c'était l'absence incongrue, aux doigts et aux oreilles adolescents, de tout appareil de téléphonie portable. N'en croyant pas nos yeux, nous la vérifiâmes scrupuleusement, cette incongruité. Et sommes en mesure de révéler que le jeudi 1er octobre 2009, à 13 h 04, sur les 67 jeunes personnes qui occupaient le square Hector-Berlioz, à Paris (IXe arrondissement), aucune ne sollicitait - ni n'était sollicitée par - son obsessionnel doudou.

Qu’était-ce à dire, cette miraculeuse statistique, à l’heure où le boîtier à communiquer passe, à l’écrit et à l’oral