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Libération
Portrait

Anthony Delon, A.D.ulte

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Confiant et sans prétention, le fils d’Alain s’émancipe et devient acteur apaisé de sa paternité.
Anthony Delon à Paris le 14 décembre 2009. (Mathieu Zazzo/Pasco&co)
publié le 10 décembre 2009 à 0h00

L’idée était d’escamoter l’objet grand A, pour se concentrer sur l’objet petit a. Ni relation de subordination ni conjonction de coordination entre A(lain) et a(nthony). Une existence qui précéderait l’essence chez Delon fils. C’était quand même le moins qu’on puisse offrir quand on professe qu’il faut guillotiner l’héritage et que ça va finir par suffire cette génétique qui nique les relations pères-fils. On se promettait même une touche finale façon coup de pied de l’âne, du genre «pour conclure, il faut rappeler que le père d’Anthony D., prénommé Alain, bénéficia lui aussi du statut d’intermittent du spectacle et obtint un certain succès au siècle passé».

Alors qu’on drivait l’ostracisme avec dextérité, la langue tout à coup fourcha sur la dernière haie de l’entretien, et c’est alors qu’on servit à Anthony du «Alain». L’anathème était blême, et il fallut en rabattre. Il y aurait du A dans l’a. Mais pas tant que ça, on verra pourquoi.

Le déclencheur est un titre de film : Mensch. Ça veut dire «homme» en yiddish, cela a à voir avec la masculinité vacillante des voyous de déshonneur, mais cela enclenche surtout des questionnements post-Kipling. Genre, est-ce que la quarantaine venue, cela importe encore vraiment à A.D. que son père ne lui ait pas susurré comme il fallait les «tu seras un homme, mon fils» et autres «si tu peux être fort, sans cesser d'être tendre». Dans ce polar gentiment troussé, Anthony Delon, 45 ans, joue, barbu et fatigué, un second rôle de braqueur