Ça ressemble à un mauvais polar. Avec des opérations coup-de-poing et des descentes nocturnes. Dans la nuit du 2 février, un commando de 40 personnes s'introduit dans une imprimerie à Coulommiers (Seine-et-Marne), s'empare des lances à incendie présentes sur place et asperge d'eau 150 000 journaux. Le 9 février, porte de Saint-Cloud, un colporteur se voit contraint de remettre des milliers d'exemplaires. Ils seront éparpillés dans le bois de Boulogne. A chaque fois, le titre visé est le gratuit Direct Matin Plus, propriété du groupe Bolloré.
Les hostilités ont éclaté quand le journal a cessé d'être imprimé par le Monde à Ivry-sur-Seine, pour être fabriqué chez Brodard Graphique à Coulommiers. Son passage dans une imprimerie de labeur (consacré à l'impression des magazines et de la publicité) a déclenché l'ire du Syndicat des imprimeries parisiennes (SIP). Au cœur du conflit, l'équilibre industriel et social des imprimeries de la presse parisienne. Pour le syndicat, les quotidiens gratuits doivent rouler sur ces presses pour conserver la charge de travail. En jouant au franc-tireur, Bolloré bouscule une fragile construction. Sa décision risque de menacer tous les quotidiens nationaux.
Branle-bas de combat dans le landerneau. Il faut rétablir des règles du jeu. La dernière réunion en date a rassemblé jeudi les éditeurs de presse gratuite, ceux de presse payante et le SIP. Objectif : définir la répartition des titres dans les imprimeries de la presse parisienne.