De Roger Gicquel, mort à 77 ans samedi des suites d'un infarctus, tout le monde se souvient du fameux «la France a peur», scandé sur un ton dramatique le 18 février 1976 en ouverture du JT de TF1 alors que Patrick Henry, 22 ans, vient d'être arrêté pour le meurtre de Philippe Bertrand, 7 ans. On se souvient moins de la suite de ce qui est resté dans les mémoires télévisuelles comme une diatribe sécuritaire : «Nous avons peur et c'est un sentiment qu'il faut que nous combattions, je crois, parce qu'on voit bien qu'il débouche sur des envies folles de justice expéditive, de vengeance immédiate et directe, et comme c'est difficile de céder à cette tentation quand on imagine la mort atroce de cet enfant.»
C'était ça, Roger Gicquel, des éditoriaux qui ouvraient le JT. Et ce ton de croque-mort, ces cernes bistre, cet homme gris et grave sur fond orange, bleu, rose de l'habillage de TF1. Cet air, qui avait fait dire à Coluche : «Quand y a un avion qui s'écrase dans le monde, c'est sur les pompes à Roger Gicquel.»
Le 28 juillet 1976, à 4 h 13, un homme est décapité «en réparation», dit l'acte officiel collé sur la porte de la prison des Baumettes, du meurtre de Marie-Dolorès Rambla. Le soir, à 20 heures, seize heures après la mort de Christian Ranucci, Gicquel, avec, en fond d'image, une guillotine, lâche un plaidoyer contre la peine de mort. «Il y a ceux qui sont pour, vous l'êtes, déclare-t-il l'œil rivé au fond de la caméra, mais on