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Libération

«Rolling Stone» ou l’art de se faire mousser

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Magazine . En publiant début juillet les états d’âme du général McChrystal en Afghanistan, la revue américaine a prouvé qu’elle n’avait rien perdu de son légendaire esprit caustique.
publié le 26 juillet 2010 à 0h00

«Rolling Stone, ce n'est pas qu'une affaire de musique», avait prévenu le fondateur du magazine, Jann Wenner, lors de son lancement en 1967. Quatre décennies plus tard, le bimensuel américain longtemps considéré comme la bible de la contre-culture fait son come-back sur le devant de la scène, et pas seulement musicale. Si le dernier numéro du magazine rock s'échangeait à tour de bras début juillet dans les allées du pouvoir à Washington, ce n'était pas pour sa couverture aguicheuse révélant Lady Gaga nue, une mitraillette dans chaque main. Mais plutôt pour une de ces bombes éditoriales dont Rolling Stone a le secret : un portrait du général Stanley McChrystal, déclinant sur dix pages et sans détours les frustrations de ce gradé quatre étoiles et de son personnel envers la stratégie de l'exécutif, alias la Maison Blanche.

Buzz du siècle. Moins de deux jours après sa publication, le patron des opérations militaires américaines et alliées en Afghanistan était limogé par Barack Obama (Libération du 24 juin). Parce que sa conduite n'avait pas été «conforme aux critères requis» et mettait à mal la sécurité nationale. L'auteur de l'article, Michael Hastings, s'avouait le premier surpris de telles retombées. Cet ancien correspondant de Newsweek en Irak est devenu l'homme par qui le scandale est arrivé, certains confrères l'accusant d'avoir «piégé» le général en ne respectant pas la règle du «off the record», d'aut