L’affaire des expulsions de Roms illustre à merveille l’étrange concept de conversation médiatique nationale (CMN). La CMN, c’est celle que tissent les interviews radiophoniques du matin, les émissions qui ouvrent le micro aux auditeurs, les couvertures des hebdomadaires (si l’on excepte celles qui sont consacrées à l’immobilier et au mal de dos) et les manchettes des trois ou quatre quotidiens nationaux qui donnent le ton aux revues de presse radiophoniques qui suivent (ou précèdent) les interviews du matin.
Apparemment, la CMN du moment porte sur les Roms. Faut-il les expulser ? Pour quels motifs ? Agressions contre policiers ? «Mendicité agressive» ? Polygamie ? (On nous souffle dans l'oreillette qu'il n'y a pas de Roms polygames. C'est bien regrettable. On finira bien par en trouver un).
Pourtant, à y regarder de plus près, les Roms ne sont pas vraiment le sujet central de cette conversation. Comment se déroulent réellement les expulsions ? Sont-ils véritablement volontaires ? Comment sont-ils accueillis dans leurs pays d’origine ? La conversation nationale ne s’attarde pas sur ces questions secondaires. Mais plutôt : Nicolas Sarkozy et François Fillon sont-ils vraiment d’accord sur les Roms ? Leur faux accord masque-t-il un vrai désaccord, ou est-ce l’inverse ? Martine Aubry a-t-elle vraiment demandé l’expulsion de Roms à Lille, ou est-ce une calomnie de Fillon ? Si François Rebsamen, maire ségoléniste de Dijon, prend position en faveur des expulsions de Roms, ce