Dans le questionnement infiniment recommencé du «qui sont ces gens qui me harcèlent ?», et celui, subsidiaire, du «comment s'en débarrasser?», les mailing lists renouvellent avec un bonheur inégal la problématique du théâtre de l'absurde en général, et celle du Rhinocéros de Ionesco en particulier. Ces courriels que l'on ne lit jamais font désormais partie des rituels du matin, quand s'inscrivent en rouge les recepted items du logiciel Entourage de la maison Microsoft. Ce qui nous tombe alors sous les yeux, ce ne sont pas des spams, depuis longtemps éradiqués, mais de ces courriels hétérogènes qu'un regain de conscience, titillée par un intitulé énigmatique à prétexte vaguement professionnel, incite au moins à ouvrir, sinon à parcourir.
Ouvrir, c'est déjà trop. Ouvrir, c'est inciter le robot en ligne d'en face à revenir, ou, pour mieux dire, à ne plus sortir de la boîte. Jusqu'à découvrir enfin le lien minuscule et magique censé vous émanciper, comme vous y autorise une loi dont la pauvre Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés) est le pauvre garant. Ce lien, qui entretint longtemps sur la Toile la fiction d'une «netiquette», est devenu une aléatoire plaisanterie. Quand je l'ai enfin découvert, au creux d'un encadré promotionnel sur le site du marchand Pixmania - qui depuis des semaines tente de me fourguer toutes sortes de choses dont je n'ai que foutre -, le bougre prétendit encore, pour me «désabonner» (moi qui jamai