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Libération
TRIBUNE

Des cambriolages qui font froid dans le dos

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publié le 1er novembre 2010 à 0h00

Bien sûr, on sourira. On sourit déjà, d'un air entendu. On évoquera des précédents : les micros du Canard, les écoutes de l'Elysée, le cabinet noir. L'Etat a toujours eu de grandes oreilles, voyons ! Mais avec les cambriolages dont ont été victimes trois médias enquêtant sur l'affaire Woerth-Bettencourt, le Monde, le Point et Mediapart, on a pourtant changé de catégorie.

Reprenons. Ce ne sont pas seulement les cambriolages, évidemment, qui frappent. Mais plusieurs choses. D’abord, leur simultanéité et leur professionnalisme trahissent l’opération concertée. On a affaire à un commanditaire unique. Que cherche-t-il ? Le mode opératoire répond parfaitement à cette question. Les cambrioleurs n’ont nullement cherché à brouiller les pistes. Ils n’ont pas mis à sac les bureaux et l’appartement. Ils savaient que leur forfait serait découvert. Et s’ils le savaient, en professionnels qu’ils sont, alors il faut bien déduire qu’ils l’escomptaient.

Tiens, tiens. Ils cherchaient donc la publicité ? C'est donc qu'ils ne souhaitaient pas seulement se procurer les ordinateurs et les disques durs, mais souhaitaient aussi que ça se sache. Il est donc peu probable que le commanditaire ait simplement souhaité s'informer. Contrairement aux apparences, ces cambriolages ne sont pas une affaire de grandes oreilles. La malheureuse affaire des micros du Canard (des policiers de la DST, ancêtre de l'actuelle DCRI, avaient été surpris, dans les années 70, en train de poser des m