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Libération
portrait

Printemps tardif

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Jacques Julliard. L’éditorialiste du «Nouvel Obs», 77 ans, dresse l’acte de décès de la deuxième gauche et rejoint «Marianne».
publié le 3 décembre 2010 à 0h00

Fin d'après-midi à Bourg-la-Reine, le 30 novembre. Dans sa jolie maison blanche, Jacques Julliard regarde, incrédule, la pendule tourner. Dans quelques heures, à minuit, son contrat de travail avec le Nouvel Obs prendra fin. Terme d'une aventure de quarante ans. Pour corser ces ultimes instants, le téléphone vient de lui apprendre le départ surprise de Denis Olivennes, directeur de la rédaction avec lequel il avait de sérieuses divergences de vues. Aux amis qui appellent, Julliard - sourire en coin et regard amusé vers Jean Daniel, 90 ans, et Claude Perdriel, 84 ans, patriarches d'un navire à la timonerie désertée - explique que l'Obs est assurément en train de tourner une page.

Jacques Julliard, aussi. Voici le jeune homme de 77 ans aux cheveux teints et à la coquetterie intacte («Régécolor» fut l'un de ses surnoms à l'hebdo) revenu aux angoisses d'une rentrée des classes. Son premier édito, demain samedi dans Marianne, sera titré «Ma gauche». Il y défendra : 1) le primat de la société civile, 2) une gauche qui sera morale ou ne sera pas. 5 500 signes, soit 1000 de plus qu'à l'Obs. Et un meilleur salaire aussi.

Sa dernière vraie rentrée, c'était au lycée du Parc, à Lyon, au début des années 50 : il y a fait pas moins de trois khâgnes, avant d'intégrer enfin Normale sup, rue d'Ulm. «Moi, j'aurais volontiers abandonné, mais, pour ma mère, Normale, c'était Edouard Herriot, Léon Blum.» La famille était à gauche. Son grand-père et son p