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Libération

Compassion télé-rentable, quelques règles

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publié le 21 février 2011 à 0h00

Quels sagouins, quels sauvages, ces Mexicains ! Mais que veulent-ils donc à Florence Cassez, qui a pourtant poussé la magnanimité jusqu’à plaider pour le maintien de l’année du Mexique en France ! La jeune prisonnière française était, la semaine dernière, en boucle sur toutes les antennes, disant sa peur de l’avenir, donnant ses avis éclairés sur la politique étrangère de la France. Et depuis longtemps, on n’avait pas connu une telle unanimité nationale. Gauche, droite, éditorialistes, journaux télévisés : politiques et médias français et mexicains ont donné la semaine dernière une instructive leçon de choses sur la manière de «chauffer à blanc» l’opinion.

Notre captive chez les Barbaresques : la cause est incontestable. On se croirait revenus aux beaux jours de la détention d’Ingrid Betancourt en Colombie, ou de Clotilde Reiss en Iran. Ingrid, Clotilde, Florence. Trois belles femmes. Trois visages rayonnants de l’innocence malmenée. Prisonnière de droit commun, prisonnière jugée pour espionnage, otage de la guérilla se confondent dans la détresse télégénique. Première évidence : l’icône féminine se vend mieux. L’otage mâle, quoiqu’il fasse, est moins photogénique. Connaissons-nous les visages de Michel Germaneau ou de Pierre Camatte ? Tous deux sont pourtant restés détenus trois mois en Afrique, avec des dénouements, tragique pour le premier, heureux pour le second. Mais qui a partagé leur calvaire ?

Peut-être sont-ils restés captifs trop peu de temps. Mais que dire des deux