Jusqu'où un journaliste est-il prêt à aller pour une interview de Kadhafi ? La question ne s'est pas posée au Journal du dimanche : le dictateur libyen a envoyé un avion pour aller chercher le reporter du JDD Laurent Valdiguié et un photographe.

Selon un officier de renseignement français, les services ont en effet appris le week-end dernier qu'«un avion privé de 20 places a été affrété et payé par le colonel Kadhafi pour emmener à Tripoli des journalistes et le facilitateur Ziad Takieddine», l'homme d'affaires libanais sulfureux lié à des contrats d'armement entre la France et le Pakistan, la Libye, l'Arabie Saoudite ou la Syrie. Samedi, vers 18 h 30, la police de l'air aux frontières (PAF) et les douanes sont sur le tarmac de l'aéroport du Bourget quand l'avion se pose. Contrôle des trois passagers : l'intermédiaire Ziad Takieddine, ainsi que Laurent Valdiguié et le photographe qui revenaient d'interviewer Muammar al-Kadhafi pour la nouvelle formule de l'hebdo. Les policiers de la PAF sont montés à bord de l'avion pour un contrôle de passeports qui a duré une heure. «Ils nous ont fouillés tous les deux, indique Laurent Valdiguié, nos sacs, les appareils photos ouvrant les objectifs… Ziad Takieddine est tout le temps resté en arrière. Ils nous ont laissés partir tous les deux mais ont dit à Takieddine : "Venez Monsieur, on va aller dans une autre pièce à l'étage car votre sac est bien lourd".» Et le sac se révèle lourd de 1,5 mill