Dans l'interactivité médiatique, un mot-clé : modération. Jadis, le vieux dicton «Verba volent, scripta manent» («les paroles s'envolent, les écrits restent») organisait le devoir de référence de la presse de papier. La démultiplication des tuyaux et des registres de ce qui identifiait l'information a bientôt fait exploser le leurre de ce que l'on appelait alors la médiation, lorsqu'il apparut que nulle parole, fût-ce celle d'un médiateur (on disait ombudsman dans la presse anglo-saxonne), ne pouvait prétendre à l'objectivité, terme lui-même tombé en désuétude. Le médiateur, ce maillon faible entre producteur et consommateur de l'info, ne se porte pas très bien non plus, tant il apparaît que son indépendance ne fut jamais que théorique. Celui (en l'occurrence, celle) du Monde a samedi produit sa dernière contribution, sans qu'on sache si elle sera remplacée, et celui de Radio France est plus souvent réduit à arrondir des angles diplomatiques et des cuirs syntaxiques proférés à l'antenne.
Les remplacent sur les forums, chats, blogs et mille autres supports, des «modérateurs», sortes d'hybrides de robot et de corbeau, anonymes comme une caméra de surveillance et cons comme un correcteur orthographique. Recrutées sur on ne sait quels critères, ces officines sous-traitantes, à la transparence fiable à peu près autant que celle des agences de notation, se retrouvent de facto nanties du pouvoir extravagant de censurer toute parole écartée des cri