Il paraît que la catastrophe de Fukushima, toute la semaine passée, a dopé les audiences des journaux télévisés. Parfait. On est content pour eux. Et il est vrai qu’on les regarde avidement, les JT, on les consomme, on en avale, on en redemande, on se shoote au frisson et à l’angoisse, comme on en avait perdu l’habitude depuis bien longtemps.
Une «course contre la montre», des «prochaines heures» forcément «décisives», des héros, héritiers des «liquidateurs» de Tchernobyl, qui risquent leur vie pour sauver un peuple, un géant économique et technologique (le Japon) qui vacille sur ses certitudes, des experts dont l'arrogance se fissure sous nos yeux, au rythme des «enceintes de confinement», et qui découvrent l'hésitation, l'humilité, les points de suspension, une situation qui alternativement «s'aggrave», ou laisse place à une «lueur d'espoir», des hélicoptères impuissants, de dérisoires camions de pompiers : si ce n'est pas David Pujadas qui a écrit le scénario, du moins ce scénario a-t-il été écrit pour lui. C'est là, dans ces événements planétaires où vacille à chaque seconde le sort du monde, dans ces semaines tendues comme un fil au-dessus du précipice, c'est là que le média télévision, qu'il incarne si parfaitement, est à son meilleur.
Dès qu'il s'agit d'autre chose, évidemment, les choses se gâtent. Dès que la parlote reprend son éternelle prééminence, par exemple, sur le suspense et l'incertitude. Car les a