Jean-François Kahn, 73 ans la semaine prochaine, est entré en journalisme en 1959. Après avoir travaillé pour le Monde, l'Express et les Nouvelles littéraires, il a créé en 1984 l'Evénement du Jeudi puis, en 1997, Marianne. Au surlendemain de l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn à New York pour agression sexuelle, il a parlé d'un «troussage de domestique», expression citée par les féministes comme le symbole du machisme de la société française. La semaine dernière, Jean-François Kahn a annoncé qu'il renonçait au journalisme.
Comment en vient-on à parler de «troussage de domestique» ?
Il se trouve que, le dimanche suivant l'arrestation de DSK, j'étais sur Europe 1 pour parler de mon dernier livre. Interrogé sur l'affaire, je m'étais montré très froid, balayant la thèse du complot et estimant que les faits reprochés étaient très graves. Or je suis très ami, depuis quarante ans, avec Anne Sinclair et, à l'issue de l'émission, on m'a reproché ma froideur. Aussi, le lundi, quand je suis sur France Culture, j'ai en moi cette volonté de ne pas donner l'impression de la lâcher dans un moment si terrible pour elle. Quand le sujet est abordé, en fin d'émission, je cherche mes mots : «Je veux croire que ce n'est pas un acte intolérable d'un viol, mais seulement…» et là, je ne trouve pas la formule. Je n'ose pas dire «une main au cul»… et je dis : «un troussage de domestique». Il ne s'agit donc pas de décrire les faits dont DSK est accusé, mais ceux que j'aurais voulus qu'ils soien