Menu
Libération

Il faut voir comme on ne nous parle pas

Article réservé aux abonnés
publié le 5 juillet 2011 à 0h00

On l'a dit, on le répète, on le radotera encore : nos numériques relations avec nos fournisseurs de tout, nonobstant les capacités à tout fliquer et tout mesurer, ne s'améliorent pas. On se proposait de vouer aux gémonies Mme SNCF pour son goût de faire imprimer, avec ses billets acquis online, sa publicité dévoreuse d'encre. Un incident avec M. Numericable nous a fait changer de cheval.

Au numéro dévolu, après multiples pianotages et parce que la vie n'est pas réductible à un questionnaire à choix multiples, vous persistez à revendiquer un interlocuteur. Un robot vocal vous y encourage : «Votre temps d'attente est estimé à moins de cinq minutes.» Il est 11 h 53. Avec un peu de chance, vous serez pris en charge avant la pause déjeunatoire sur l'open space délocalisé - si tant est que celui-ci ne soit pas situé dans un ailleurs éloigné de plusieurs fuseaux horaires. En tout cas, ça se tente… Alors, combiné déposé avec son haut-parleur activé, s'installe en boucle la petite musique à base de xylophone, ponctuellement chintée dans de redondants faux espoirs («Ne quittez pas, un conseiller va vous répondre»). Avec un louable souci de précision, on se l'infligera durant quarante-six minutes. Au conseiller qui viendra enfin l'interrompre et se proposera tout de go de nous «basculersur» un collègue, on demandera poliment d'estimer le temps d'attente. Son «quelques secondes» serein nous rendant un espoir ténu,