Menu
Libération

Les paradoxes du point-virgule

Article réservé aux abonnés
publié le 23 août 2011 à 0h00

Celui-là - ce punctum («point») virgula («petite verge», en latin) - n'a pas fini de pourrir la vie des correcteurs, relecteurs et autres secrétaires de rédaction, qui majoritairement le honnissent. Dans l'inflation des temps pressés, qui dira encore - et pour combien de temps - les vertus d'un signe de ponctuation qui constitue pourtant, aux yeux d'aucuns, le parangon de la nuance ?

Le point-virgule, qui «excite les passions», comme le note excellemment l'excellent Jacques Drillon dans son Traité de la ponctuation française (Gallimard, 1991), est depuis des lustres agonisant. La «pause de moyenne durée» (Grévisse) qu'il marque trouve dans ce «moyenne» l'origine de toutes les détestations qu'il suscite. Et Drillon de poursuivre : «De même qu'on […] préfère Stendhal à Balzac, Ravel à Debussy, on se proclame pour ou contre le point-virgule.» Signe bâtard, ambigu, mi-chair mi-poisson, il s'éteint doucement sous les assauts d'une économie du toujours plus vite que la presse incarne mieux que toute autre, et ce en dépit du fait que «toute pratique littéraire digne de ce nom montre le que point-virgule est indispensable». Mais que diable traiter ici, même sur fond de rentrée littéraire, de cette chose obsolète et dérisoire, survivance d'un temps, d'un discours et d'un phrasé qui prendraient leur temps ?

C'est que, sur les modernes claviers, et pas seulement ceux des ordinateurs, une touche est encore dévolue au