Ivre de rhum, de salsa et de douleur, un homme braille sur le pavé. C’est un chat sauvage, un écorché vif ; c’est Pierre Goldman que, le temps d’un cri, on a cru discerner. Et puis le spectre s’est dissipé : sous les traits de Goldman, Samuel Benchetrit est réapparu et bientôt l’histoire va se terminer, pan, pan, pan, pan, pan, pan, pan, sept balles dans le corps, on connaît la fin.
Ah, on ne connaît pas la fin ? Alors voilà : Goldman (oui, le demi-frère aîné) était un… Un quoi, au fait ? Un intellectuel, peut-être, un ancien compagnon de guérilleros vénézuéliens assurément, un gangster, un «érotico-marxiste» ainsi que son personnage le dit joliment, un type des années 70 coincé, comme cette décennie, entre Mai 68 et le 10 mai 1981. Un assassin, ça non (un deuxième procès l'a blanchi du meurtre de deux pharmaciennes), un assassiné, ça oui. Goldman - qu'un avertissement maquille en «fiction», histoire que les proches n'attaquent pas en justice - retrace gentiment ce qui se sait de Pierre Goldman. Le téléfilm est propre, carré. Les faits sont là, égrenés : voilà ce Pierre Goldman qui revient d'Amérique latine après Mai 68 pour mener la lutte armée en France. Le voilà qui braque pour financer la révolution. Le voilà accusé de meurtre, victime d'une justice bourgeoise (on a failli mettre des guillemets) qui veut lui faire payer la chienlit de 68. Le voilà condamné à perpétuité en 1974, explorant sa judaïté en prison où il écrit Souvenirs obscurs d'un juif po