Du côté de la presse de caniveau, on affiche à longueur d’articles son soutien au patron. Mais si les redoutables torchons autrichiens aiment si fort ce Werner Faymann, nommé chancelier le 2 décembre 2008, c’est semble-t-il moins pour ses idées que pour une banale affaire de gros sous. Selon un ancien directeur de la compagnie des chemins de fer ÖBB, récemment entendu par la justice autrichienne, le chef de gouvernement social-démocrate a pour habitude de désigner lui-même les titres de presse dans lesquels les entreprises publiques et quelques obligés politiques se doivent de faire passer de la pub.
Les deux gratuits, Heute et Österreich, mais aussi le célèbre Kronen Zeitung, le plus gros quotidien autrichien, peuvent dire «Danke !» à leur ami au bras long : comme dans ses précédentes fonctions d'adjoint au maire de Vienne et de ministre des Transports, Faymann leur réserve toujours la plus grosse part du gâteau. Le chancelier alloue près de la moitié de son volumineux budget com (4 millions d'euros) pour placer sa trombine dans ces trois journaux-là. Qui prennent soin de mesurer leurs critiques, par respect pour l'annonceur, sans doute. L'opposition d'extrême droite, mais également la droite et les Verts voudraient bien que la lumière soit faite sur les accointances entre le champion de la gauche et ces satanés Boulevardzeitung, comme on désigne ici la presse populaire. Le parti FPÖ de feu Jörg Haider a même porté l'affaire en ju