L'espace et le temps : on pourrait rassembler toute l'histoire du jeu vidéo sous l'empire de ce double paradigme. Quels que soient le titre, le genre, l'époque, il s'agit toujours pour le jeu de répondre d'abord à ce ressort vital : donner l'illusion de posséder les clefs de l'espace et du temps, dont il fabrique des volumes virtuels considérables et qui occupent in fine la vie bien réelle des joueurs. Le temps et l'espace sont toute la matière et l'orgueil d'un jeu comme Skyrim, l'une des plus importantes productions de l'année, attendue impatiemment par les amateurs fidèles, et très nombreux autour du globe, de la série The Elder Scrolls, dont cet épisode est le cinquième «parchemin».
Jeu de rôles dans la tradition «occidentale» du genre et fleuron de son développeur Bethesda, c’est le titre de la saison incarnant le mieux l’épopée dans son sens classique et presque littéraire : nous sommes sur les terres nordiques de la saga, jetés dans le brasier de conflits séculaires entre peuples ennemis, sur des territoires rugueux, hostiles mais de toute splendeur, comme les dragons qui y nichent… Malgré la relative discrétion de la licence dans le paysage mainstream, certains lui attribuent une influence étendue dans les statistiques du travail : aux Etats-Unis, quelques pour cent des arrêts maladie, prises de congés et défauts d’assiduité sont attribués à la sortie de ce monstre d’addiction et de chronophagie.
Car l'appel idéaliste de Skyrim est d'une exig