Moins seize jours avant la mort du titre. La banderole accrochée sur une grille de la place Edouard-Herriot, à Paris, devant l'Assemblée nationale, annonce clairement la couleur. Les drapeaux rouges bardés Filpac, branche livre de la CGT, pavoisent les rares arbres du carré. La sono crie un remix incolore de Voilà, c'est fini. Des écharpes tricolores sortent des sacs, barrées du sinistre slogan «L'information en danger». Il fait un froid de canard sous ce matin gris de fin novembre. France-Soir, le titre n'a plus que seize jours à vivre selon le compte à rebours infernal déclenché par son propriétaire, Alexandre Pougatchev. La date butoir, marquée au fer rouge du 15 décembre, doit signer l'arrêt des rotatives, la suppression de 89 postes sur 130 pour basculer au tout numérique.
Sénat. Face à cette chronologie morbide, les syndicats et les salariés tentent une pression ascendante. Le calendrier se fait de plus en plus serré depuis la manifestation du 14 octobre devant le siège des Champs-Elysées, le lâcher de journaux devant le SPQN (Syndicat de la presse quotidienne nationale) et le sitting aux tee-shirts devant le ministère de la Culture… «C'est la quatrième mobilisation, martèle Romain Altmann, d'Info-Com CGT au micro. Aujourd'hui, notre objectif est d'interpeller très fortement les élus de la nation. Il leur reste seize jours pour France-Soir…»
A chaque fois une douzaine de salariés du quotidien prend la pose pou