«Je suis l’un des derniers embauchés de l’ère Arnault, en 2007. Et je suis arrivé en plein divorce : mon premier jour de boulot était un lundi ; le jeudi, on était en grève ! Ça m’a donné le ton pour les quatre années qui ont suivi. Tu peux avoir cinq AG par jour, mais tu sors quand même un journal. C’est une certaine gymnastique. La charge de travail a considérablement augmenté ces dernières années, surtout que notre rédaction est entièrement bimédia, donc il a fallu assumer un flux beaucoup plus dense.
«A terme, la presse papier va sans doute disparaître. Mais c'est une question de timing : on ne peut pas passer brutalement du print au tout numérique [comme l'envisagent certains repreneurs potentiels, ndlr], il faut une transition. C'est comme pour l'énergie : on ne va pas du jour au lendemain passer au tout renouvelable. Il est évident que le numérique est un support d'avenir, mais c'est un modèle qui doit gagner en maturité. Ce serait une erreur stratégique d'arrêter le papier maintenant.
«Il y a un truc assez fascinant avec ce journal : malgré tous les aléas de son histoire, la seule constante, c'est la rédaction. Personne ne s'est mis au bord de la route et disant "y en a marre, j'arrête tout". On refuse de voir la fin du monde. La Tribune est essentielle, dans sa fonction de trublion, de poil à gratter du secteur économique. C'est dans son ADN. Il n'y a qu'à voir les récents exemples d'EDF [son patron, Henri Proglio, mécontent d'un article sur l'EP