Tous. Tous ceux qui, au gré des ventes et reventes, ont un jour possédé France-Soir ont fait un rêve empreint d'une nostalgie qui se perd dans les années 50. Quand le papier était roi, quand les quotidiens enchaînaient les éditions sur des rotatives vrombissantes, quand des vendeurs à la criée gueulaient les titres de Une dans la rue, quand Pierre Lazareff, dit «Pierrot les bretelles», menait l'actualité à la baguette à coups de «vas-y coco».
Tous, qu’il s’agisse d’Hersant, de l’Italien Andrea Riffeser, du Franco-Egyptien Raymond Lakah, du Russe Alexandre Pougatchev, tous ont spéculé sur le réveil d’un quotidien qui, en taquinant le scoop, le grand reportage et les faits divers restera dans l’histoire de la presse comme le titre qui se vendait à plus d’un million d’exemplaires.
100, rue Réaumur
L'histoire de cet âge d'or s'écrit au 100 de la rue Réaumur à Paris, au cœur de ce qui fut le quartier de la presse. Là, sur une ancienne cour des miracles du Sentier, dans un immeuble de sept étages, le titre joue à «Impossible n'est pas "France-Soir"» (son slogan) avec des moyens qui donnent un amer tournis : 1 000 salariés dont 400 journalistes, parmi lesquels Joseph Kessel, Lucien Bodard ou Georges Conchon, vingt bureaux dans le monde, un escadron de photographes, une armée de pigistes… Né en novembre 1944 sur les fondations d'un journal de la Résistance (Défense de la France), il est dans le giron d'Hachette - «la pie