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Libération

Huffington Post, un vice de conception

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publié le 19 décembre 2011 à 0h00

C'est un bien étrange projet, ce «Huffington Post» à la française. Si les esprits n'étaient occupés ailleurs, il pourrait donner matière à réfléchir sur cette marchandise hybride, l'information. En substance, l'ex-présentatrice de télévision Anne Sinclair, se présentant comme «directrice éditoriale» de ce futur site d'information, filiale du Monde et des Inrockuptibles, a lancé un appel à candidatures aux blogueurs et «experts», désireux de s'y exprimer. «Ces contributions ne seront pas rémunérées et seront l'équivalent de colonnes publiées dans d'autres médias. Mais nous leur donnerons la plus grande visibilité possible grâce, je l'espère, à la force de frappe du Huffington Post», explique-t-elle.

Aux Etats-Unis, le système fonctionne. En France, ça grince. La publication par Rue89 de cet appel aux bonnes volontés a même suscité un tollé sur la Toile. Au nombre des réactions insolentes, celle-ci, par exemple : «Au moins, son mari payait ses prostituées», a réagi un twitteur. Pourquoi cette réticence ? Eliminons l'aspect de la polémique lié à l'état marital et patrimonial d'Anne Sinclair. Imaginons, pour les commodités de la réflexion, un appel identique lancé par un(e) journaliste incontestable, qui n'aurait jamais déclaré que l'affaire DSK était «une nouvelle affaire Dreyfus», qui ne serait pas héritier d'un marchand d'art milliardaire, et serait même raisonnablement pauvre. Au nom de quoi peut-on exiger de contributeurs de trava