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Libération

Les avantages du chronomètre

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publié le 6 février 2012 à 0h00

Maudit CSA ! La révolte en direct de Dominique Souchier, qui a claqué la porte de son émission d'Europe 1 parce que la direction lui refusait de recevoir des invités politiques, vient de clore d'un coup de cymbale une longue suite de lamentations. Depuis quelques semaines, ce n'est qu'un cri, dans la corporation des journalistes-animateurs-humoristes de l'audiovisuel : quel scandale, cette réglementation du CSA sur le temps de parole des candidats, qui nous empêche d'organiser les débats de notre choix, de la manière dont nous le souhaiterions, avec nos invités préférés. Quelle entrave à notre liberté ! Sur son plateau, Ruquier a installé un gros chronomètre, pour bien faire visualiser par ses téléspectateurs la maléfique réglementation. Quant à Yann Barthès, l'animateur du Petit Journal de Canal +, il explique dans une interview au Monde sa hâte que la réglementation se mette en place, pour pouvoir déchaîner contre elle les rires des téléspectateurs de Canal +.

Bien. Parfait. Rions. Et il est vrai que le système produit des effets pervers absurdes, comme l’idiote interdiction faite à Souchier. Il est tout aussi vrai qu’ils sont un peu ridicules, les chronométreurs du CSA, à disséquer les phrases et les locuteurs, à additionner poireaux et carottes, à tenter de filtrer avec leur passoire l’océan du flux audiovisuel. Contourné d’en bas par Facebook et Twitter, méprisé d’en haut par le Président non-candidat qui annexe à sa guise les chaînes de télé, structure