Pour qui s’intéresse à l’inconscient des puissants de la télévision, les questions d’une interview télévisée sont souvent plus intéressantes que les réponses. Prenons l’interview de François Hollande par David Pujadas, au lendemain de la polémique entre Claude Guéant et le député martiniquais Serge Letchimy. La veille, Guéant a hardiment avancé que certaines civilisations étaient supérieures aux autres. Le jour même, le député apparenté PS de la Martinique lui a répondu à l’Assemblée, évoquant les camps de concentration, et provoquant l’inhabituelle sortie de l’hémicycle des députés de la majorité et du gouvernement, lesquels somment le Parti socialiste de désavouer Letchimy. C’est la polémique du jour.
De deux choses l’une, pour les médias. Soit on considère l’incident comme une provocation supplémentaire du préposé sarkozyste à la chasse aux voix du FN, et l’on choisit, pour éviter de tomber dans le piège, de parler d’autre chose ; soit on traite l’événement, et alors il est intéressant de voir quel point de vue on privilégie.
Recevant Hollande, donc, Pujadas cherche tout naturellement à connaître sa réaction à l'affaire. «Est-ce que vous approuvez les propos de Serge Letchimy ?» Hollande semble en effet les approuver, mais sans le dire explicitement. Pujadas insiste. «Donc vous ne les désapprouvez pas ?» Hé non, Hollande ne semble pas «les désapprouver». Dernière tentative de Pujadas : «Il n'a pas été trop loin ?» Bref, un questionnement