Et la question jaillit de la bouche de Patricia, auditrice de RTL. Bénis soient les auditeurs, et les auditrices ! Il arriva donc qu’un matin de la semaine dernière, une auditrice de RTL, par ailleurs enseignante en mathématiques, interpellât Leurs Seigneuries Aphatie et Duhamel, chroniqueurs-éditorialistes de la même station, sur la vanité de leur exercice quotidien : l’exégèse sondagière.
On venait de passer une semaine engraissée aux pourcentages et aux décimales : les courbes d’intentions de votes au premier tour des deux favoris de la présidentielle s’étaient croisées. Puis elles s’étaient décroisées. Croisements, décroisements, recroisements : rebondissements assurés à chaque flash d’info.
A l’heure où fondent les emplois industriels, on n’insiste pas assez sur les bienfaits pour l’emploi de l’industrie de la question téléphonée. Commentateurs de chaînes continues, infographistes, capteurs de réactions chez les porte-parole des candidats, décrypteurs de tendances sociologiques lourdes : tous ces petits métiers constituent un véritable secteur économique, préservé de toute menace de délocalisation.
L’auditrice de RTL parla net. Pourquoi, demanda-t-elle, les journalistes ne rappellent-ils jamais la marge d’erreur des sondages ?
L’auditrice ne posait pas la question au hasard. Une proposition de loi a été votée par le Sénat l’an dernier, rendant obligatoire la publication des marges d’erreur (2 à 3 %) avec chaque publication de sondage. Elle a même été votée à l’unanimité. Et