Emerger avec un cerveau relativement intact de plusieurs jours d’immersion totale sur BFM TV en temps de crise aiguë est une sorte d’exploit. Sans être certain d’y être parvenu, le rescapé croit être en mesure de livrer un premier bilan de l’expédition.
Quel est le ressort scénaristique du spectacle coproduit par BFM TV, Mohamed Merah et Claude Guéant tout au long de ces interminables journées de la traque, du siège et de la mort du tueur présumé de Toulouse ?
De l'attente, encore de l'attente, toujours de l'attente. Entre deux scènes d'action (discours, cérémonie d'obsèques, envol d'avion, point de presse du ministre de l'Intérieur), le show BFM est une interminable variation sur les temps morts. Sur BFM, on attend toujours quelque chose. On s'est munis d'un thermos et d'une glacière bourrés de compléments de temps, de «il y a quelques instants», de «à l'instant même», de «dans quelques minutes maintenant». Et on attend. On piétine devant la porte d'où sortiront les fourgons qui emporteront les petits cercueils vers l'aéroport. On attend à Roissy, avec François Fillon au pied d'un tapis rouge, l'arrivée de l'avion transportant les cercueils. Entre deux détonations indéchiffrables, on attend la prochaine détonation ou une explication qui viendra quand elle viendra. On attend le prochain discours de Guéant, de Sarkozy, de Hollande. On attend dans une rue pavillonnaire, dans une caserne en plein-vent, devant une porte, sur un tarmac d'aéroport. BFM n'e