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grand angle

Captures fantômes

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En exfiltrant des silhouettes saisies par Google Street View, l’artiste hacker italien Paolo Cirio interroge la frontière entre privé et public.
publié le 31 octobre 2012 à 19h06

D’étranges silhouettes de papier ont fait leur apparition sur les murs de New York, Londres ou Berlin. L’image en basse définition et le visage trouble donnent à ces passants des allures spectrales quoique bizarrement familières.

Ces Street Ghosts (1), l'artiste hacker italien Paolo Cirio les a exfiltrés de Street View, le service de cartographie de Google qui permet de naviguer virtuellement dans les rues des villes et villages (et désormais dans les musées et jusqu'au fond des océans). Les Google cars, voitures surmontées de caméras, quadrillent une bonne partie du globe depuis 2007, capturant automatiquement dans leurs neuf yeux panoptiques les rues, les bâtiments, mais aussi les gens qui se trouvent là par hasard, figés dans les vues panoramiques.

Suite aux levées de boucliers, en Allemagne et en Suisse, où l’on est particulièrement sourcilleux quand il s’agit de protection de la vie privée, Google prend désormais soin de flouter automatiquement les visages et les plaques d’immatriculation, mais le système n’est pas parfait. Il arrive que le logiciel de reconnaissance faciale défaille. En outre, la silhouette, les vêtements ou la coupe de cheveux sont souvent suffisants pour identifier quelqu’un, estime l’artiste.

«Google rafle des milliards grâce à ces images»

Paolo Cirio a choisi une trentaine de silhouettes, au hasard de Google Street View, pour en faire des répliques à taille réelle sur des posters qu'il colle ensuite sur les murs, à l'endroit exact où l'objec