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Libération

Michel Naudy, le fantôme de la télé

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publié le 9 décembre 2012 à 19h06

Un fantôme. Michel Naudy était un fantôme. Le journaliste de France 3, trouvé mort le week-end dernier dans sa maison des Pyrénées, était placardisé depuis dix-sept ans. Ni membre des effectifs ni viré. Entre les deux.

Chaque année, rituellement, raconte la CGT, il sollicitait un poste correspondant à son titre de rédacteur en chef national. On lui répondait qu’aucun poste n’était disponible pour lui. Vivant, il était déjà mort. D’ailleurs, France 3, dans ses différents journaux, n’a pas dit un mot de sa mort, se contentant de la saluer par un lapidaire communiqué interne.

Il fallait qu'il eût commis un bien grand crime pour croupir dans cette oubliette. C'était le cas. Ou plutôt, il en avait commis deux. D'abord, il était communiste, ce qui ne se fait pas. Il avait même été, dans son Ariège de relégation, candidat à des élections locales. Ensuite, il avait animé une éphémère émission de critique de la télé à la télé, Droit de regard, sur France 3 Ile-de-France, en 1995. Ephémère, car l'émission ne vécut qu'une saison.

Elle avait eu le tort de dénoncer la soirée électorale du second tour de la présidentielle sur France 2, la fameuse soirée au cours de laquelle le reporter Benoît Duquesne, en une séquence haletante, avait suivi la voiture du nouveau président dans les rues de Paris. Ou bien, pour le dire en langage Naudy, «l'on se tapait sur les cuisses aux exploits motorisés de porte-micros lancés aux basques du vainqueur». Ce n'est pas tout. L'émission avait