Disquaire devenu patron de la «major» indépendante Beggars Group, Martin Mills publie les albums d’Adele, The XX ou Radiohead. Il a mené son catalogue de l’ère du vinyle à celle du CD puis du téléchargement, et s’est rapidement adapté à celle du streaming… avant le retour inattendu du vinyle.
Vous avez récemment annoncé que le streaming a représenté 22% des revenus numériques pour vos artistes en 2012. Est-ce un chiffre surprenant ?
Non. Effectivement, cela fait plusieurs années que les revenus du streaming progressent sans cesse. Spotify est le service qui nous rapporte le plus, puis vient YouTube.
Qu’est-ce qui vous a intéressé dans cette technologie ?
Déjà, c'est une nouvelle façon d'écouter de la musique, et j'ai envie de savoir où ça va nous mener, nous, maison de disques, en terme de diffusion mais aussi de création. Mais il est pour l'instant impossible de mesurer l'impact du streaming sur un label comme le nôtre, simplement parce qu'on ne sait pas ce qui se serait passé s'il n'avait pas existé ! On voit que les internautes s'en servent pour découvrir des albums ou des artistes, que certains vont ensuite aller acheter dans un format physique [CD ou vinyle, ndlr]. Mais on connaît aussi tous des gens qui achetaient encore des disques et ont arrêté après s'être abonnés à Spotify. Dans le même temps, il faut aussi comprendre que nos ventes «physiques» tendent à diminuer dans le monde entier, principalement parce qu'il y a plus d'alternatives pour se procurer de la musique.
Pourquoi avoir refusé, pendant un an et demi, de mettre le dernier album d’Adele, 21, à disposition sur les plateformes de streaming ?
C'était une décision de son équipe de management, qui a souhaité le sortir en suivant une logique de fenêtres d'achat [d'abord la vente physique et le téléchargement, plus rentables, puis