Donc, la jonction s'est faite. Le patron de Google en personne, Eric Schmidt, a atterri à l'Elysée, et entrouvert sa hotte de cadeaux à la presse française, devant François Hollande émerveillé de se trouver au cœur d'un «événement mondial». Etrange conférence de presse : Schmidt fièrement campé à son pupitre, comme un chef d'Etat étranger, et les trois Français (Hollande, la directrice générale de l'Obs Nathalie Collin, et le médiateur Marc Schwartz), permutant au pupitre français. Le grand gentil loup, et les trois petits cochons. L'union sacrée française contre l'étranger. Mais, du surpuissant moteur de recherches et de la presse française exsangue, qui est le plus rusé ? Qui a grugé qui ? Qui va croquer qui ?
On connaît les données de départ. Les presses nationales s’appauvrissent, ferment, licencient partout, tandis que Google, dispensateur mondial grâce à Google News d’une information rapide, gratuite et superficielle, s’enrichit. Sans Google, peut-être s’appauvriraient-elles plus vite encore, peut-être pas. Toujours est-il que Google s’enrichit, notamment grâce à elles. L’accord conclu est étrange : soixante millions seront distribués aux sites souhaitant se moderniser. Et ensuite ? Ensuite rien. On est très loin de ce qui était réclamé au départ. Google y trouve largement son compte. La presse, c’est moins sûr. Mais si ce n’était qu’un début ? Et si c’était mieux que rien ? En attendant de savoir que penser de cet œuf carré au milieu de la basse-cour,