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Libération
Témoignage

«Avant je lisais les journaux, maintenant, je les feuillette»

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Patrice. 65 ans, à Saint-Sulpice :
Manifestation des Kiosquiers, place Colette, Paris, 19 février 2013 Patrice Deslettres, 65 ans, kiosquier à Saint-Sulpice (Julien Mignot)
publié le 19 février 2013 à 21h36

«Je suis devenu kiosquier après ma maîtrise de socio, dans les années 70. J’étais militant libertaire, mais je ne voulais pas aller à l’usine : je ne suis pas capable de planter un clou. Mais le kiosque me convenait parfaitement. C’est un excellent point de rencontre, tu vois passer des gens de tous âges, de tous milieux. J’ai démarré en face de l’Olympia, puis entre le Flore et les Deux Magots, puis j’ai tenu Montparnasse… J’ai vu une dégradation très nette du boulot. Quand j’ai commencé, il y avait 22 dépôts de presse dans Paris. Les diffuseurs étaient sans arrêt en contact avec eux. Aujourd’hui, il n’y a plus de dépôts dans Paris, et le gros de l’activité est sous-traitée : tout se détériore.

«Je pense qu’il faudrait améliorer la formation des kiosquiers. Il faudrait aussi augmenter la commission qu’on reçoit. Mais je ne suis pas tellement en faveur d’une subvention : je veux pouvoir vivre de mon travail, pas d’aides de l’Etat. Mais tant que le prix des abonnements ne s’aligne pas sur le prix de vente au numéro, on ne s’en sortira pas.

«Dans le temps, j'étais capable d'identifier un lecteur de Libé ou un lecteur du Figaro avant même qu'il me demande quoi que ce soit. Maintenant, même les journalistes passent d'un journal à l'autre ! Les lecteurs, quand ils achètent l'Express, le Point ou le Nouvel Obs, ils ne voient plus la différence. La réalité, c'est qu'avant je lisais vraiment les journaux. Maintenant, je les feuillette. Quan