«Ça m’a toujours passionnée, les livres, les journaux, le papier. Au départ, je voulais ouvrir une librairie. Mais ça n’a pas marché, je n’avais pas assez de moyens. Pour être un bon kiosquier, il faut apprendre la gestion, la comptabilité, et la communication avec le client. C’est le plus important : il faut savoir fidéliser la clientèle, pour ne pas qu’ils aillent au kiosque d’à-côté. Moi j’aime bien les gens, en général. C’est rare quand quelqu’un me déplaît. Mais c’est un travail physique, et on manque de patience parfois avec le client. En fin de matinée on a le temps de discuter, mais le soir c’est souvent plus speed. Et comme le kiosque est petit, une personne chasse l’autre.
«C'est difficile, dans ce contexte, d'expliquer ce qui arrive au secteur. Les jours de grèves de Presstalis, souvent les clients sont en colère. Ils nous disent "Ah, mais vous n'avez rien ! Encore !" On a vraiment envie de baisser les bras.
«Les grèves de Presstalis ont eu un impact très important pour moi : à cause du manque à gagner ces derniers mois, je n’ai plus les moyens d’employer une deuxième personne, ce que je faisais jusqu’ici. Du coup, je gère tout toute seule. Certains jours, je fais de toutes petites recettes. Les pires journées, ça tourne autour de 27 euros par jour, et les pires mois, autour de 600 euros. Je retarde mes paiements comme je peux. Mais je ne fais jamais deux mois identiques. Je ne sais pas quel est mon avenir professionnel. J’ai des responsabilités, je ne peux