Menu
Libération

Scoop fortuit sur Mauriac

Article réservé aux abonnés
publié le 24 février 2013 à 19h06

Une enquête journalistique peut mener à tout. Et parfois par des chemins inattendus. Rue89 investigue sur un incident dans un hôpital de la banlieue parisienne. La direction souhaite donner à une nouvelle unité de soins le nom de Jean-Louis Vaudoyer, administrateur de la Comédie-Française de 1941 à 1944 et natif du secteur. Le syndicat SUD s’y oppose : sa seule fonction, exercée à ces dates-là, suppose que Vaudoyer ait été collabo. Pas question, aux yeux des personnels, d’honorer ainsi sa mémoire.

Collabo ? Pas collabo ? La cause pourrait sembler entendue. Mais la journaliste Zineb Dryef entreprend des recherches. Cherchant à approcher au plus près l'attitude de Vaudoyer, elle découvre facilement que le principal témoin à charge s'appelle François Mauriac. Tout-puissant à la Libération, Mauriac s'est opposé à l'admission de Vaudoyer à l'Académie, au motif qu'il était collabo. Mais rebondissement : en 1951, dans une lettre, l'écrivain s'excuse de son attitude :«Dans la mesure où j'ai eu tort, où j'ai été injuste, où j'ai réagi trop violemment, le chrétien que j'essaye d'être (hélas) vous demande pardon et vous embrasse.»

Cette partie de l'histoire est connue. Mais la suite ne l'est pas. Pourquoi ce revirement de Mauriac ? C'est Jean Mauriac, fils de l'écrivain, qui livre à la journaliste une clé possible de l'attitude de son père : «Mon père a très mal agi en l'accusant de collaborationnisme. C'était une fausse querelle. Mon père l'a accusé parce qu'à la Libération