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Interview

«Les données personnelles sont une matière première»

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Web . Coauteur du rapport sur la fiscalité numérique, Nicolas Colin recommande la taxation de Facebook, Google et autres selon leur exploitation des infos des internautes.
publié le 1er mars 2013 à 21h16

Quand le gouvernement a demandé à Nicolas Colin et Pierre Collin de rédiger un rapport sur la fiscalité du numérique, tout le monde les voyait déjà parler d'harmonisation internationale, de paradis fiscaux à réformer. Mais ils ont proposé tout autre chose : une fiscalité moderne basée sur les données générées par les internautes eux-mêmes. Inspecteur des finances, ex-rapporteur de la mission Zelnik sur «l'offre légale de contenus culturels sur Internet» et coauteur de l'Age de la multitude, un ouvrage qui s'interrogeait déjà sur la place de la foule dans l'économie numérique, Nicolas Colin détaille ces propositions.

La commande du gouvernement était-elle ouverte, ou demandait-elle, en filigrane, de trouver un moyen de taxer Google ?

Il y avait surtout une intention: casser l’équation réductrice «fiscalité du numérique = financement de la création», car on a confondu le numérique avec la culture pendant plusieurs années. Mais le numérique, c’est aussi l’hôtellerie, la grande distribution, l’automobile… C’est l’économie toute entière. Il y a une séparation assez nette entre le travail sur la fiscalité, qui n’est qu’un travail sur les recettes, et la mission de Pierre Lescure, qui s’intéresse au financement de la création.

Vous avancez une idée forte dans votre rapport : celle du «travail gratuit»…

Nous avons voulu suggérer une réalité très simple : quand nous utilisons des applications en ligne, nous contribuons aux profits des entreprises. Aujourd’hui, les sociétés n’ont plus besoin d’intéresser financièrement les consommateurs à révéler des informations sur eux-mêmes, comme la grande distribution le fait avec ses cartes de fidélité. En surfant, on laisse des t