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portrait

Jean-Michel Aphatie. Le tireur d’oreilles

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Venu de loin, cet intervieweur à accent cache sous les moulinets de sa véhémence, un recentrage très convenable.
Jean-Michel Aphatie (photo Yann Rabanier pour Libération)
publié le 12 mai 2013 à 19h06

On dirait le «M. Plus» de Bahlsen. Ce personnage publicitaire était aux biscuits ce que la mère Denis fut à la machine à laver, une Vedette. A cette époque, dans les années 80, Jean-Michel Aphatie ne savait pas ce qu’il deviendrait et encore moins ce qu’il est devenu. Une marque dont on fait grand cas. Il a pour point commun avec Jane Birkin de n’avoir jamais cessé de coller à la roue de ses origines. Il a su cultiver la corde vocale béret basque, faire une identité sonore de son accent.

Avec ses airs de Bouillon campé par Sempé, de surgé grondeur, l'intervieweur sérieux sur RTL le matin, maquillé en chroniqueur amusé du Grand Journal sur Canal + le soir, fait la leçon aux élus les jours ouvrés. Et il s'emporte en moulinant des ailerons. Et il insiste, et il s'emballe faisant de la dette française, son obsession. C'est son positionnement.

Ce questionneur à la ruse de goupil n'accueille jamais ses invités. «Je veux les découvrir au micro. Je ne suis pas là pour faire passer leurs messages, chacun reste de son côté de la barrière.» Il a été couronné en 2011 du prix Philippe-Caloni qui, chaque année, distingue le meilleur parmi les intervieweurs politiques. Avant lui, c'était Jean-Jacques Bourdin, après lui, Anne-Sophie Lapix.

De lui, Raphaëlle Bacqué, grand reporter au Monde, dira : «On s'est rencontrés il y a vingt ans, dans une file d'attente au cinéma. Il allait voir les Tontons flingueurs et moi un film chinois. Il était barbu et mal fr