Robert, pendant plusieurs années, nous avons travaillé à Reporters sans frontières à tes côtés, alors que tu en étais le secrétaire général. Nous avons mis notre engagement, nos compétences, nos énergies, sans jamais compter nos efforts, au service de valeurs que nous pensions avoir en commun.

Récemment, certains d’entre nous, certes de moins en moins nombreux, s’accrochaient encore vaguement, incrédules, à l’espoir d’un malentendu, d’une erreur de parcours, d’une dérive ambiguë imputables à une quête désespérée de reconnaissance. Nous avons écouté tes interventions, lu tes billets - notamment tes derniers prônant le retour de la peine de mort ou la fermeture des frontières pour lutter contre le chômage - avec stupeur. Ta candidature à l’élection municipale de Béziers, soutenue par le Front national, a levé les derniers doutes sur le naufrage d’un homme pour lequel nous avions du respect.

Nous avons au cœur les combats portés ensemble pour la liberté d'expression. Nous avons en mémoire des anecdotes à foison, des souvenirs précieux de nos enquêtes aux quatre coins du monde ou de nos campagnes de mobilisation. Nous avons aux tripes les vies de ces journalistes disparus, assassinés, torturés ou pris en otages. Rien n'effacera leurs visages, leurs mots, leurs regards, ni ceux de leurs proches qui nous ont, qui t'ont fait à toi, Robert, confiance pour les défendre. Reporters sansfrontières, cette belle organisation que tu as fondée en 1985 et quittée en 2008, porte et défend des v