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HAUTE COUTURE PRINTEMPS-ÉTÉ 1999. Pour en découdre avec le siècle.Cité avec humour (par Gaultier), revisité sans gêne (chez Givenchy) ou carrément dynamité (par Viktor & Rolf), le patrimoine du début du XXe a été interrogé tout au long de la semaine de défilés parisiens qui s'est close hier.

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publié le 21 janvier 1999 à 23h15

On a beaucoup dit que la haute couture était au vêtement ce que l'orthopédie est à la chaussure: une manière de corriger sinon de sublimer les défauts. L'idée a quelque peu du plomb dans l'aile: cette dernière présentation de haute couture du siècle (printemps-été 1999) a moins opéré sur les corps une oeuvre de transformation qu'un travail d'empaquetage de la silhouette. Exemple flagrant: la taille n'est plus que rarement marquée, comme si la mode concluait un cycle entamé avec l'abolition du corset par Paul Poiret en 1910. Le siècle est bouclé, emballé c'est pesé.

En commençant par Jean-Paul Gaultier qui, en héritier admiratif d'un certain esprit de mode, a fait tourner le guéridon du patrimoine: Madame Alix Grès pour les drapés, Yves Saint Laurent pour les tailleurs-pantalons et les robes smoking, Paco Rabanne (période 60) pour les robes en bijoux de métal articulés, voire la vicomtesse Jacqueline de Ribes (présente in vivo au défilé en doudoune fuchsia). Mais aussi, en croisière sur les îles de la Méditerranée, d'Ibiza (tailleurs métallisés pour un retour des Pink Floyds) à Mykonos (robe string dite du «triangle éternel»), quelques femmes fermes qui ont compté: Irène Papas en Electre électrique, Maria Callas en plein remake chignonné de Médée et, bien entendu, la rivale, Jacky K. Onassis en pré-deuil d'Aristote avec un tailleur de mousseline plissé bleu marine. Mais comme Gaultier est un marrant, il ne fait ainsi jongler les références que pour mieux brouiller les pistes: