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Libération
Portrait

Au Japonais absent

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Kenzo Takada, 60 ans, quitte le monde de la mode et ses fleurs pour se concocter une existence sans soucis.
publié le 9 décembre 1999 à 2h05

Un sourire éternellement figé entre joie de vivre surjouée et gaucherie adolescente, des fleurs à profusion, un goût précurseur pour le métissage, un vrai don pour la fête: a priori, le portrait du «plus parisien des japonais» est vite plié. Kenzo Takada, créateur de la marque qui porte son prénom et retraité depuis avant-hier, est cependant plus loquace et complexe qu'on l'aurait pensé. Dans sa gigantesque maison (1 000 m2 de bon goût à deux rues de la Bastille, où cohabitent toiles de Basquiat, photos d'Eggleston et antiquités du monde entier), le calme de confessionnal du salon avec vue sur cerisier en fleur est propice aux confidences. 60 printemps, trente ans de carrière, et 2000 qui approche: par amour des chiffres ronds, et puis aussi parce que réinventer la mode tous les six mois achèverait Sisyphe lui-même, le bourreau de travail a décidé de quitter la mode. Sans regrets, mais avec des trésors de souvenirs.

La VW-Coccinelle vintage garée dans la cour ne doit abuser personne. L'animal fétiche de Kenzo, c'est l'éléphant, dont il possède la mémoire étonnante: des années de nuits folles et de champagne («Hi!, hi!, j'adore champagne») ne l'ont pas altéré. «Une enfance pas très heureuse», dans le Japon de l'immédiat après-guerre, où cinquième de sept enfants il n'étouffe pas sous l'affection des parents, qui tiennent une maison de thé. Sa scolarité est encore compliquée par la dyslexie. Ce vert paradis gris mélancolie prend pourtant des couleurs grâce au cinéma. «Mon premi