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Interview

Azzedine Alaïa : «La débrouille et la récup devenaient chic»

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Tati. Azzedine Alaïa, couturier, raconte ses créations en vichy rose :
publié le 6 août 2004 à 1h41

Au début des années 90, le couturier Azzedine Alaïa a travaillé pour Tati et contribué à faire de l'enseigne une marque branchée.

Comment avez-vous été amené à travailler avec Tati ?

Je connaissais la marque, mais c'est au peintre et cinéaste new-yorkais Julian Schnabel que je dois ma rencontre avec Tati. Lors d'un passage à Paris, en 1990, Julian avait découvert le fameux imprimé pied-de-poule sur le store du Tati boulevard de Rochechouart, sur lequel il voulait peindre des toiles. Tati lui a donné des rouleaux de toile de bâche, la série «Tati Paintings» a eu beaucoup de succès et cette histoire m'a donné l'idée d'en faire autant, en reprenant le même motif pour ma propre collection. En échange, j'ai accepté de leur dessiner gratuitement un sac, un tee-shirt et des espadrilles. Mes jeans et ma maille ont bien marché, mais rien à voir avec l'énorme succès rencontré avec les créations pour Tati.

Qu'est-ce qui vous a attiré dans cette collaboration inédite ?

Ce qui m'excitait, c'était d'accoler mon nom, l'univers de la haute couture, avec cette marque qui était alors la moins chère de toutes. Lorsque je voyageais en Tunisie, je voyais toujours ces gens à Orly encombrés de leurs grands sacs Tati pleins à craquer, et j'ai eu envie de faire quelque chose de qualité pour cette clientèle populaire, souvent pauvre, qui n'avait pas les moyens de se payer des articles plus mode.

Vous ne vouliez pas «glamouriser» Tati ?

Je voulais que Tati reste Tati et ne perde pas son âme et, d'ailleurs, j'ai refusé, après beaucoup d'hésitations, de faire une collection comme ils me l'avaient proposé. Il n'était pas question pour moi de transiger sur mon t