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Libération
Portrait

Véronique Nichanian, culte et chemises

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publié le 20 juillet 2005 à 3h01

Le monde de la mode a cultivé toutes sortes de paradoxes, mais rarement celui-là : l'anonymat, la discrétion, le refus du nom propre brandi en marque ou logo. Depuis plus de vingt ans, Véronique Nichanian campe au coeur du prêt-à-porter masculin mais son patronyme reste l'un des moins notoires du milieu. Pas son travail. Dans ce microcosme affamé de who's who, on a passé un certain temps à se demander «Who's she ?» et il ne fallait pas compter non plus sur son physique brindille pour l'imposer : celui d'une Parisienne fluette avec un soupçon de Levant, cette origine arménienne dont témoignent son oeil de Carmen et sa chevelure noir foncé.

Si le nom de Véronique Nichanian est si peu connu, c'est qu'il s'abrite derrière l'oriflamme d'une maison prestigieuse: Hermès, fondée en 1837, dernière grande marque indépendante du luxe français, la seule de cette ampleur à avoir échappé aux appétits des groupes rivaux LVMH et Gucci. Le tintouin boursier et médiatique de ces deux maroquiniers multinationaux se tirant la bourre éperdument ne doit pas faire illusion : Hermès est moins bruyant mais tout aussi efficace, et il serait naïf de n'y voir qu'une vénérable vieille dame assoupie en son Faubourg. Comme les autres, Hermès a fait ces dernières années quelques investissements et acquisitions, des optiques Leica à la société Jean Paul Gaultier. Hermès, c'est le luxe réformé et, depuis 1978, Jean-Louis Dumas, représentant de la cinquième génération familiale, perpétue cette singulière tradi