Dans le petit milieu très puissant de la mode parisienne, les nouvelles têtes sont rares. Celle de Riccardo Tisci est apparue il y a trois ans après un premier défilé à Paris pour Givenchy. Dans les coulisses, se planquait un type mal rasé à l'allure de trentenaire passe-partout, en Converse, jean et chemise à manches courtes comme en portent les livreurs aux Etats-Unis.
Quelques jours après ce premier show, l'homme aux manches courtes se révélait aussi sympathique que mutique. Incapable d'aligner deux phrases à la suite, paralysé par les questions sur ses influences et noyant le poisson en parlant du dernier morceau de hip-hop ou d'une nouvelle salle de gym située en bas de chez lui. L'antithèse du couturier communiquant qui manie les relations publiques avec décontraction et professionnalisme. Depuis, le buzz a pris et Tisci, fils d'un vendeur de fruits de Côme et d'une mère au foyer, a vu sa cote grimper. Son contrat a d'ailleurs été renouvelé pour trois ans. Aujourd'hui, il a appris à définir en trois mots sa mode : «romantique, gothique et sexuelle».
Il a longtemps refusé de participer à «la course aux personnalités» qui consiste à habiller la première actrice de série télé sur le premier tapis rouge venu. «Il y a trop de célébrités, explique-t-il, trop de mannequins, trop de marques, trop de magazines.» Mais il est très fier d'avoir attrapé dans sa pêche un trio qui a de la gueule : Courtney Love, Chistina Ricci et Nathalie Portman. Il