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Histoires de femmes culottées

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Elles portaient parfois la culotte, mais pas le pantalon. Au fil des siècles, l’émancipation des femmes est aussi passée par l’appropriation de ce bout de tissu. L’historienne Christine Bard retrace les grandes étapes d’une conquête menée par des révolutionnaires lassées des jupons.
Les femmes culottées (DR)
publié le 4 septembre 2010 à 16h18
(mis à jour le 28 septembre 2010 à 16h18)

Il aura fallu deux siècles pour que les femmes s'approprient le pantalon, vêtement symbolisant LE pouvoir. Au XIXe siècle, elles passent encore pour travesties. Dans la dernière partie du XXe siècle, les voilà émancipées. à l'inverse, les hommes ont toujours du mal à s'emparer de la jupe : le stigmate de travestissement leur colle encore à la peau. Ultime verrou du grand chambardement qui affecte le féminin et le masculin depuis la fin du XXe siècle ? Dans une passionnante Histoire politique du pantalon, qui vient de sortir au Seuil, l'historienne Christine Bard montre comment le vêtement est aussi une question de pouvoir et d'identité. Avant la Révolution française, le pantalon habillait le pauvre, le barbare, le dominé. Avec les sans-culottes, il devient l'emblème d'un courant politique qui proclame l'avènement d'un homme nouveau : le citoyen libre, fraternel et pourvu de droits. Un modèle que les femmes mettront du temps à conquérir. En enfilant le pantalon.

1870, Marc de Montifaud, la scandaleuse
Le XIXe marque la généralisation du pantalon pour les hommes, pas pour les femmes. Ils abandonnent définitivement parures, talonnettes et rubans de marquis XVIIIe. Elles créent le scandale, s'affublant de telles culottes. Seules les femmes de lettres et les artistes transgressent l'interdit. « C'est George Sand qui ouvre la voie, rappelle Christine Bard. Un modèle p