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Libération
grand angle

Braguettes, l’empire du mâle

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Un livre raconte, pour la première fois, l’histoire de cette pièce vestimentaire qui en dit long sur les mœurs.
publié le 22 septembre 2010 à 0h00
(mis à jour le 23 septembre 2010 à 17h14)

Lubriques s’abstenir. Cette histoire vise résolument au-dessus de la ceinture, par-delà le cerveau reptilien, au plus près de la zone du langage, à touche-touche avec la sphère des hautes études qui déshabille les évolutions politique, sociale, esthétique, symbolique du corps et de ses moindres vêtements. On a vu passer une histoire de la jupe, du corset, de la chaussure et, dernièrement, du pantalon, sous la plume éclairée de Christine Bard (1). Cette fois, c’est de la braguette qu’il s’agit, et il fallait de l’audace pour considérer que la chose a un passé qui mérite d’être fouillé.

Défi relevé par les Editions du Rouergue qui publient Braguettes, une histoire des mœurs et du vêtement. Le récit alerte, mené par Colette Gouvion, est ingénieusement éclairé par sa coauteure Khadiga Aglan. Une sélection de 120 tableaux d'hommes vêtus - peintures, gravures, et quelques photos - fait de ce livre un beau livre, évidemment espiègle. Face au texte, un gros plan sur le détail que l'on ne saurait ni voir ni commenter, du moins publiquement : l'habillage des parties. «Cela choque qu'on écrive sur la braguette, s'amuse Colette Gouvion, la soixantaine tranquille. Mais il y a bien eu une histoire de la lingerie, et même du décolleté qui cache ou révèle les seins, et cela n'a surpris personne.» «Les apparences, la religion, les mœurs, la pudeur, la relation entre genres : tout cela est en jeu dans la façon de mettre en valeur ou d'effacer le membre viril»,