Milan est passé à gauche et, dans les rues, on voit se multiplier tracts et manifestations anti-Berlusconi. La présence des Indignati, les Indignados italiens, ne dérange pas un instant les invités du Milano Uomo, et des activistes se font réprimer, à quelques pas de la sortie d'un défilé, dans l'indifférence générale. Si le monde de la mode se veut feutré, sur les podiums, la journée de dimanche a été marquée par un certain sensationnalisme.
Pour sa ligne Black Gold, Diesel organisait une présentation-happening sur la terrasse de son siège milanais. Les acheteurs japonais croisaient les blogueurs britanniques entre les portants de vêtements d'une collection marquée par le thème du voyage, idée récurrente pour la griffe de Renzo Rosso depuis l'achat d'une île dans l'océan Pacifique, la «Diesel Island», mi-blague, mi-stratégie publicitaire. Les jeans, chemises, blousons de cuir, assez classiques, étaient délavés et semblaient avoir été portés par un voyageur au long cours. Les couleurs d'un imperméable étaient passées et seuls ses détails en révélaient la teinte d'origine. Au centre de la pièce trônait une barque où un groupe de mannequins, mimant un naufrage, s'affairait à nouer des cordages et à jeter l'ancre. Un photographe fit remarquer que le concept n'était pas très délicat au vu de la situation des sans-papiers dans le Sud de l'Italie, mais le reste des invités se précipitait pour suivre les aventures des louveteaux de mer labellisés D